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haies, dans lesquelles elles étaient séparées les unes des autres par des cordes, de manière qu’il y avait des entrées et des issues, pour que les étrangers pussent librement aller entre les rangs les examiner toutes à leur aise, et choisir celle qui leur plairait le plus. Lorsqu’un étranger avait fixé son choix, il jetait sur celle qu’il avait choisie de l’argent, qu’elle était obligée de prendre, quelque modique que la somme pût être. Cet argent n’était pas pour elle, la loi le destinait à des usages religieux. On entend ce que cela veut dire. L’étranger emmenait à l’écart celle qui venait de prendre son argent, et qui n’avait pas plus le droit de refuser sa personne que son argent même, son devoir étant de se prêter au premier qui la demanderait. Après qu’elle avait rempli ce que la loi lui prescrivait, l’étranger faisait pour elle une prière à la déesse ; prière sans doute plus ou moins affectueuse, selon qu’il avait été content de sa belle. Ils se séparaient ensuite. Alors, ayant accompli l’expiation ordonnée par Vénus, elle s’en retournait, bien ou mal satisfaite.

Cette loi, si l’on met à part les règles de la pudeur, n’était pas fort onéreuse aux jolies femmes, qui n’avaient pas besoin de se montrer long-temps pour trouver un amateur : mais les laides n’avaient pas lieu d’être aussi satisfaites. Il y en avait qui restaient trois ou quatre ans en espalier avant que le moment favorable d’obéir à la loi se présentât. Ces femmes maudissaient une dévotion qu’il ne leur était pas libre de ne pas remplir ; et quand enfin le moment arrivait, on ne les dédommageait pas de l’ennui de l’attente. Cette loi absurde et immorale fut imaginée par le clergé mâle ou femelle, pour grossir son revenu.

BACON (Anne), distinguée par ses vertus et ses ta-