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étaient dans la dernière consternation, et ne savaient quel parti prendre. Ils eussent infailliblement été les victimes de leur imprudence, si une de leurs concitoyennes, femme de grand esprit, n’eût pris une résolution hardie, lorsque les plus sages paraissaient en manquer. Animée par l’amour de la patrie, elle se lève au milieu du peuple, et traverse la ville en silence ; sa vue seule fait renaître l’espoir dans les cœurs les plus abattus. Inspirée par le Tout-Puissant, on la regarde comme un sauveur ; et tous, en formant des vœux pour le succès de son entreprise, la suivent de loin et sans tumulte. Elle monte sur la muraille, fait signe à la garde la plus avancée des assiégeans, et dit qu’elle veut parler au général. Joab arrive aussitôt : elle lui demande pourquoi le roi son maître employait une puissante armée pour détruire ses propres sujets, lui qui ne devait porter les armes que pour les défendre. Joab, étonné de cette hardiesse, répond que David ne regardait les habitans d’Abéla comme ses ennemis que parce qu’ils avaient donné retraite au rebelle Séba ; et que, pour preuve de ce qu’il avançait, il était encore prêt à lever le siége, si on voulait lui remettre ce traître entre les mains. Cette femme le prie de se souvenir de sa parole, et de patienter un moment. Aussitôt elle retourne dans la place publique ; et, s’adressant à ses concitoyens, elle leur représente avec tant de force et d’éloquence la grandeur du danger auquel ils s’exposaient, qu’elle les détermine sur-le-champ à se saisir du rebelle Séba, et à lui couper la tête, qui fut jetée dans le camp de Joab. Ce général, agréablement surpris, ne balança pas à décamper, suivant sa promesse ; et la ville d’Abéla dut sa conservation au courage d’une femme.

ABIGAIL. Par sa prudence et sa douceur, elle sut