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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

« Un jour vous voit régner, ou pour mieux dire,
« Le matin vous voit naître, et le soir Rose expire.
« Combien de vos ayeux n’ai-je pas vu périr !
« Le nombre en est incalculable.
« Pourquoi donc tant s’enorgueillir
« D’un destin pitoyable ?
« Je ne saurais envier votre sort,
« Il est de trop courte durées
« J’aime à voir entasser année sur année. »
Avait-elle grand tort ?
Rose ne sut que dire.
Le soir vient, Rose s’épanouit,
Ouvre son sein, baisse la tête, expire.
Adieu fraîcheur, éclat, adieu grandeur, empire,
Tout à l’instant s’évanouit.

Mortels, n’oubliez pas le fonds de cette fable,
Et préférez toujours l’utile à l’agréable.

D. R. D. M.



1815.

L’HOMME-DIEU.

L’Homme-Dieu ! ce nom seul élève, embrase l’âme,
Doit allumer en nous la plus céleste flamme.
L’Homme-Dieu ! ce grand nom gravé dans tous les cœurs,
Devient l’espoir des bons, et l’effroi des pécheurs.
Il naquit : il mourut, ce seul Dieu, ce seul maître ;
Il s’immola pour l’homme, et l’homme dut renaître.
Sur ce vaste univers il sema tous les biens ;
Le plus doux nous manquait : son sang nous fit chrétiens.
Quoiqu’immortel, il meurt… il s’offre pour victime :
O sacrifice auguste ! ô mystère sublime !
Dieu souffrant ! Dieu mourant ! Sauveur de l’univers !
Si l’on savait t’aimer, serait-il un pervers ?
Soyons, soyons chrétiens : respectons en silence
Les décrets que dicta le seul Dieu de clémence.
Et pour mieux mériter ces bienfaits immortels,
Adorons et prions : nés chrétiens, mourons tels.