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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

D’une onde pure
J’aime le bruit ;
J’aime un murmure
Qui me séduit :
Ma rhétorique
N’a que des fleurs,
Et ma logique
Hait les fureurs.
J’aime Andromaque
Bien plus qu’Hector,
Et Télémaque
Plus que Mentor.
Je me réserve
Les jeux, les ris ;
Plus que Minerve
J’aime Eucharis.
J’aime la rime,
J’aime le chant ;
Un rien m’anime,
S’il est charmant.
J’aime la lyre
Et les neuf sœurs ;
Surtout, j’admire
Les novateurs.
Lyre légère
Est du bon ton :
Et je préfère
Avec raison
À Thucidide
Anacréon ;
Le tendre Ovide
Au vieux Platon.
Du bon Virgile
J’aime le nom.
J’aime une idylle
Plus qu’un sermon,
Et le subtile
D’une chanson
Plus que l’utile
De Cicéron.
Quand ma victoire
Me livre un cœur,

J’aime la gloire,
J’ai de l’honneur.
Aux pieds d’Omphale
Hercule dort,
Et rien n’égale
Un si beau sort.
L’amour nous presse,
Obéissons ;
Car sans tendresse,
Nous périssons.
J’ai pris Tibulle
Pour mon Solon,
Et de Catulle
Je prends leçon.
Sapho, sans cesse,
Par ses écrits,
Doit sur Lucrèce
Avoir le prix ;
Et l’Énéide,
Sans s’abaisser,
Devant Candide
Doit s’éclipser.
L’aimable Horace
M’offre du beau,
Et, sur sa trace,
J’aime Boileau ;
Mais la satire,
Dans ces savans,
Me fait trop rire
A mes dépens.
Dans Lafontaine
L’homme se voit ;
C’est la fontaine
Où chacun boit.
Ah ! quel poète !
Qui l’aurait cru ?
Dans une bête
Je me suis vu.
Bête de somme
Est mon portrait ;
Mais l’homme est homme,
Il a mal fait.