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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

colinette. Et que ferais-je d’un jeune homme comme lui ? cela ne sait que chanter, danser et rire, répéter cent fois le jour qu’il m’aime. Oh ! que je sais mieux ce qui me convient.

le bailli. Que je suis ravi de te voir dans ces dispositions ! voilà ce qui s’appelle penser en fille prudente, et je vois bien qu’on ne te connaissait pas quand on m’a dit que tu n’en voulais qu’aux jeunes gens.

colinette. Mais qui est-ce qui a dit cela ?

le bailli. Il n’importe, j’ai toujours eu de toi une meilleure opinion ; car enfin, que ferais-tu avec ce Colas ? ça n’a rien du tout, et l’amour, comme l’on dit, ne donne pas de quoi vivre. Écoute, ma chère enfant, et retiens bien ceci :

ARIETTE.

Sans argent dans le ménage,
Il n’est aucune douceur,
Sans argent le mariage
N’est qu’un joug, qu’un esclavage
Plein de peine et de rigueur ;
Mais dans l’opulence,
Quelle différence !
L’hymen est un nœud flatteur,
Où l’on trouve le bonheur.

Si quelques légers chagrins
Troublent nos heureux destins,
La fortune nous console ;
Avec les jeux badins,
Les danses, les festins,
La peine aisément s’envole.
Sans argent, etc.

colinette. Je vous crois, mais, en un mot, je dépends de monsieur Dolmont, et que voulez-vous que je fasse, s’il n’y veut pas consentir ?

le bailli. Mais pourquoi n’y consentirait-il pas ?

colinette. C’est un homme si extraordinaire qu’il ne fait presqu’aucun cas de la richesse, qui pense que les convenances d’âge, de goût et d’humeur sont les choses que