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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

colas. Oh ! j’te réponds que j’nons jamais eu l’cœur si content ; j’avais peur pourtant que Monsieur Dolmont m’allit refuser, mais non, Dieu merci, c’est fini, et pour toute la vie.

l’épine. Comment pour toute la vie ! je croyais que c’n’était qu’pour trois ans com’les autres.

colas.. V’là d’beaux contes ! où as-tu jamais vu ça, toi !

l’épine. Et dame, que sais-je t’y moi. Ma foi ils ont beau dire, c’t’état-là n’me plairions point, on y court trop d’risques, et qui sait si toi-même….tu m’entends bien ? car enfin y ne faut qu’un malheur….

colas. Parle donc, gros sot, que veux-tu dire ? c’est bon si c’était toi, entends-tu.

l’épine. Holà ! holà ! monsieur Colas, n’vous fâchez pas, ne croyez-vous pas d’être pus exempt d’ça qu’les autres.

colas. Tiens, toutes ces gausseries-là n’sont point d’mon goût, j’t’en avertis, et j’m’en vas, car j’pourrions ben te donner queuque niole qui ne te coûterait qu’à prendre.

l’épine, (après que Colas est sorti.) Qu’a-t-y donc à s’fâcher ! j’crois, Dieu m’pardonne, que y m’a menacé, (il court à la porte) Dites donc l’ami, à qui en avez-vous ? c’est t’y ben à moi qu’vous parlez, par hasard ? Hein ? Il est parti ! (revenant au bord du théâtre).. Il a morgué ben fait de décamper….C’est qu’je n’sis point endurant moi….Mais voyez un peu c’grossier qui m’cherchons querelle à cause que j’l’y parle pour son bien ! aussi s’il attrapons queuque horion, y l’aura ben gagné, et j’en rirons tout mon sou. Mais j’m’amuse trop longtems ici, faut qu’j’aille voir si mon maître ou mamselle Colinette n’avons point besoin d’mon service.


ACTE TROISIÈME.

Le théâtre représente le même bois ou jardin qu’au premier acte.


Scène I.


COLAS, COLINETTE.

colinette. Oui, te dis-je, c’est un tour du Bailli, tu vois que j’avais bien raison de me méfier de lui.