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iv
INTRODUCTION.

Nous avons laissé de côté tous les écrits politiques en prose, quoiqu’il y en ait beaucoup qui mériteraient d’être conservés et même étudiés ; mais, pour être impartial, il aurait fallu reproduire les répliques ou les réfutations, et cela nous aurait entraîné loin, bien loin de la route que nous nous sommes tracée.

En dehors des écrits politiques, la littérature canadienne, il est vrai, ne se compose encore, pour ainsi dire, que de simples essais, en vers ou en prose, pour la plupart l’œuvre de jeunes gens dont le goût n’était pas encore bien formé, et que les études et la connaissance du monde n’avaient pas encore mûris. Mais au milieu des défauts de composition, et souvent des incorrections de style, le talent étincelle et brille comme l’électricité à travers de légers nuages. — Grand nombre de ces essais toutefois sont évidemment l’œuvre d’hommes au goût sévère, aux fortes études, aux vastes connaissances, qui se sont inspirés des beautés du pays, des belles mœurs du peuple, et d’une nationalité naissante et déjà combattue.

Le goût des lettres qui se répand aujourd’hui avec rapidité dans toutes les classes de la société, ne s’est introduit qu’avec beaucoup de difficultés en Canada. Peuple français, cédé tout-à-coup aux anglais, la classe lettrée et aisée s’est éloignée du pays après le traité de 1763, qui faisait de la Nouvelle-France une province anglaise. Abandonné à de nouveaux maîtres, ce jeune peuple vit son éducation, dans la langue de ses pères, négligée et parfois proscrite. Quelques colléges, cependant, entretenaient dans la jeunesse riche, le goût des lettres joint à l’amour de la nationalité. Mais, ces jeunes gens, devenus