Page:Répertoire national ou Recueil de littérature canadienne, compilé par J Huston, vol 1, 1848.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

m. dolmont. Tu ne songes donc à rien ? Quel ouvrage as-tu fait ce matin ?

l’épine. Quel ouvrage, monsieur ?

m. dolmont. Oui, qu’as-tu fait depuis que tu es levé ?

l’épine. D’abord, monsieur, j’ai déjeuné, et puis ensuite…

m. dolmont. Ah ! tu as songé à cela ?

l’épine, (riant niaisement). Oui, monsieur.

m. dolmont. Mon pauvre L’Épine, tu es un fort honnête garçon, mais un fort méchant valet ; cependant je t’aime à cause de ton honnêteté, mais je te conseillerais, pour te déniaiser un peu et te rendre plus actif, de t’enrôler dans la milice ; je suis certain que tu t’en trouverais bien.

l’épine. Oh ! nenni pas, monsieur, je n’aime pas la guerre, moi.

m. dolmont. Est-ce que tu as peur d’un fusil ?

l’épine. Oh non ! monsieur, mais…

m. dolmont. Sais-tu que rien n’est plus honorable que de servir le roi ?

l’épine. Oh ! je crois ben, monsieur, mais…

m. dolmont. Allons, je vois bien que tu ne serais pas meilleur soldat que tu n’es bon valet ; mais dis-moi, était-ce des jeunes gens qui se sont présentés ce matin ? car il ne me faut que de la jeunesse.

l’épine. Oui, monsieur, c’étions tous des jeunes garçons ; il y en avait un surtout, ben joli, qui paraissait avoir grand’hâte de vous parler, y m’a ben demandé à quelle heure y pourrions vous voir, et j’crois ben qu’y r’viendra bentôt.

m. dolmont. Ne manque pas de faire entrer dans mon cabinet tous ceux qui se présenteront, et tu m’en avertiras aussitôt.

l’épine. Ça suffit, monsieur ; pour le coup, je n’l’oublierons pas.



Scène III


l’épine. C’est un ben brave homme que mon maître !