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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


 
Assis au banquet d’Amérique,
On emplit ta coupe de sang !
Serait-elle donc chimérique,
La voix grande qui dit ton rang ?
Dédaignant la manne de l’ange,
Veux-tu, comme Israël, manger,
En cherchant dans la vieille fange,
Les fruits impurs de l’étranger ?

Non, non, dans la coupe sanglante,
Tu ne boiras pas le mépris,
Ni l’injustice dégoûtante,
Ni l’orgueil de tes ennemis.
Dis, dis d’une voix de tonnerre
À ces tyrans audacieux :
Le lion règne sur la terre,

Mais l’aigle s’approche des cieux…
J. E. Turcotte.

1834.

LE MARIN.

La nuit est noire et le ciel sans étoiles ;
Le vent mugit et frappe, en vain, nos voiles
      Que durcissent les frimas.
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
      Vous ne me reverrez pas.

De la tempête augmente la furie :
La mer blanchit le navire qui crie,
      C’en est fait, nous coulons bas !
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
      Vous ne me reverrez pas.

Vous m’attendez à cette heure peut-être,
Et vous croyez toujours me voir paraître
      Froid et couvert de frimas.
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
      Vous ne me reverrez pas.