Harpe divine, ô source d’harmonie,
Répète encor tes chants mélodieux.
Et toi qui d’Apollon partage le génie,
Élève aussi ta voix qui sut charmer les Dieux.
Mais déjà la corde soupire,
L’on dirait un souffle du soir,
Ou le murmure de Zéphire,
Dans les créneaux d’un vieux manoir.
Silence ! un chant — La harpe recommence ;
L’amour prélude à ses divins accords ;
Émilie a repris le fil de sa romance,
Jamais plus doux concert n’embrasa nos transports.
Ah ! que ne puis-je en traits de flamme
Graver en moi ces doux accents,
Et nourrir longtemps dans mon âme
Le charme secret de mes sens !
Que ces doux sons expriment bien l’ivresse
De deux amants qui, près d’un jeune ormeau,
Interrogent leurs yeux qu’adoucit la tendresse,
Et jurent de s’aimer jusque dans le tombeau.
Ô harpe qui te fait sourire ?
Eugène volait un baiser
De son amante qui soupire
Et qui n’osa le refuser.