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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


 
Toi qui vis longtemps ton amour
Traversé par quelques obstacles,
Qui ne croyais plus que ce jour
Pût arriver sans des miracles ;
De tout retard à tes projets
Triomphe ta persévérance.
Tu vois bien qu’il ne faut jamais
Abandonner toute espérance.

L’ennui, les regrets destructeurs,
Empoisonnaient tes jours naguère,
Tu gémissais et de longs pleurs
Baignaient ta couche solitaire.
Du bonheur chez toi désormais
Lise te donne l’assurance :
Tu vois bien qu’il ne faut jamais
Abandonner toute espérance.


1831.

LE VOLTIGEUR.

(souvenirs de châteauguay.)


Sombre et pensif, debout sur la frontière,
Un Voltigeur allait finir son quart ;
L’astre du jour achevait sa carrière,
Un rais au loin argentait le rempart.
Hélas, dit-il, quelle est donc ma consigne ?
Un mot anglais que je ne comprends pas :
Mon père était du pays de la vigne ;
Mon poste, non, je ne te laisse pas.

Un bruit soudain vient frapper son oreille :
Qui vive… point. Mais j’entends le tambour.
Au corps-de-garde est-ce que l’on sommeille ?
L’aigle, déjà, plane aux bois d’alentour.
Hélas, dit-il, quelle est donc ma consigne ?
Un mot anglais que je ne comprends pas :
Mon père était du pays de la vigne ;
Mon poste, non, je ne te laisse pas.