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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Scène III


le bailli. Elle est charmante, mais c’est dommage qu’elle ne m’aime pas ; cependant ne désespérons de rien. Le cœur d’une jeune fille est comme l’amadou, une étincelle suffit pour l’embraser, j’espère qu’elle s’apprivoisera. (Il rêve.) Je me croirais heureux avec cette enfant-là ! c’est un cœur tout neuf, cela s’attachera à son mari ; cela se ferait à mes caresses, et dans peu, elle m’aimerait à la folie ; mais d’autre part, épouser une fille si jeune à mon âge !… Il y a bien quelques risques à courir… ceci demande quelques réflexions.

Pendant la ritournelle, il se promène sur le bord du théâtre d’un air pensif.


ARIETTE.

Colinette est jeune et jolie,
De l’épouser ferai-je la folie,
L’amour dit oui, mais, hélas, la raison
En l’écoutant me dira toujours non.
      Non, non, non, non,
      Pourtant, pourtant sa mine
      Sa mine est si mutine !
                 Si fine !
Non, non, mon cœur n’y saurait résister ;
Lequel des deux dois-je écouter ?
C’en est fait, elle a su me plaire,
Oui, je veux hâter cette affaire,
Colinette sera mon lot ;
Sitôt que l’amour dit un mot,
C’est la raison qui doit se taire.


Me voilà tout-à-fait décidé, à quoi sert de délibérer ? Je n’ai pas de tems à perdre pour prendre un parti, mais je me crois encore très propre à faire le bonheur d’une femme ; il s’agit seulement de lui plaire, et quand j’aurai gagné ce point-là, il me sera facile de renverser les obstacles que M. Dolmont pourrait mettre à notre mariage. C’est une espèce de misantrope que ce M. Dolmont… Eh puis, la petite friponne