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pittoresque médiocre, avec ses rues régulières, que bordent des maisons pareilles. Certaines de ces maisons sont pourtant intéressantes et elles aident à évoquer les vies lointaines qui les habitèrent. Certaines sont encore ornées de fresques demeurées vivantes sous leur enduit préservé. L’une d’elles, celle des Vettii, garde encore un aspect presque intact, avec ses chambres peintes qui ouvrent sur une cour intérieure, plantée de fleurs gracieuses. Mais ce que j’ai le mieux aimé de tout Pompéi, c’est une fontaine. Elle est située à un petit carrefour. Elle se compose d’une simple cuve de marbre où l’eau se déverse par la bouche d’un masque sculpté. Je l’aime, cette fontaine, parce que j’ai vu Mme de Lérins se pencher sur elle et, d’un geste charmant, caresser le mufle usé de l’antique mascaron. Nous étions seuls à ce moment. Mme Bruvannes et Gernon s’étaient écartés de nous. Les Subagny étaient restés en arrière pour écouter les explications du gardien. Nous étions seuls. Le vieux masque semblait sourire sous la caresse de cette main légère.

J’ai profité de l’absence de nos compagnons pour emmener Mme de Lérins du côté de la voie des tombeaux. Elle est à un des bouts de la ville et se perd dans les champs. Les monuments funéraires qui la bordent n’ont rien de bien remarquable, mais ils ont cette mélancolie qui manque tant aux ruines de Pompéi, ruines trop précises, trop sèches, trop didactiques. Aussi, de Pompéi, n’ai-je aimé vraiment que son humble fontaine et ses mausolées à