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du moins de son sens pratique. J’ajoute que si M. Delbray s’y connaît en bibelots, il s’y reconnaît moins en visages. J’ai eu, en effet, l’honneur, un matin du mois dernier que je déjeunais au restaurant Foyot, d’être assise à une table assez proche de la sienne, mais il ne semble pas m’y avoir remarquée, tandis que, moi, je me souvenais parfaitement de lui. Du reste, ma vanité n’est nullement offensée de ce manque de mémoire et je n’en consulterai pas moins volontiers M. Delbray sur mes futurs achats. Je suivrai même avec plaisir ses conseils, s’ils sont conformes à mon goût. Je vous serre la main, mon cher Jérôme, et demeure votre affectionnée

Laure de Lérins.


M. Jérôme Cartier, Burlingame.
San Francisco (États-Unis).

Hôtel Manfred, rue Lord-Byron.

Paris, le 16 avril.

Mon cher Jérôme,

C’est encore de mon éternel hôtel Manfred que je vous écris, et non de mon appartement de la rue Gaston-de-Saint-Paul. Vous vous imaginez peut-être que j’y suis installée. Il n’en est rien, et rien n’y est encore terminé. Et le plus singulier est que ce retard peut être imputé, devinez à qui ? À M. Julien Delbray en personne. Oui, mon cher, c’est ainsi.

Je vois d’ici votre tête, car bien que je ne sois plus votre femme et que vous ne soyez plus responsable de