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porte qui s’ouvre. Mme Bruvannes est là. Elle est seule. Au bruit de mon pas, elle lève la tête de dessus l’ouvrage auquel elle travaille. Elle pousse une exclamation de surprise. Quant à moi, je me sens quelque peu embarrassé. Que Mme Bruvannes va-t-elle me dire ? Elle serait en droit de me reprocher mon éloignement, car pourquoi l’avoir, en quelque sorte, rendue responsable des torts d’Antoine envers moi ? D’autant plus que Mme Bruvannes m’a toujours témoigné beaucoup d’amitié. Quelles seront ses premières paroles ? Je me suis approché d’elle et je lui ai baisé la main. Elle me laisse faire silencieusement et me regarde de ses bons yeux où je lis une tristesse préoccupée et comme un timide reproche, pendant que je lui explique que, devant partir prochainement pour Clessy-le-Grandval, je suis venu afin de pouvoir porter à ma mère des nouvelles du quai Malaquais. À ces mots, la pauvre femme m’a pris les mains. J’ai tout de suite compris l’inutilité de mon subterfuge et que je ne saurais pas résister aux instances de Mme Bruvannes. J’étais bien décidé à ne pas prononcer le nom d’Antoine, et nous avons parlé de lui pendant deux heures.


12 février. — Cette chambre d’Antoine, aux jours de sortie, après le déjeuner chez Mme Bruvannes, Antoine, tandis que ma mère et sa tante causaient ensemble, m’y emmenait pour m’initier