Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
ARG

piaga non sana, dont notre proverbe est la traduction, et il mit cette devise dans un beau livre d’Heures qu’il peignit pour Jeanne de Laval, sa seconde épouse, à laquelle il était aussi tendrement attaché. La Bibliothèque royale conserve ce précieux ouvrage, qui présente sur toutes les pages les lettres R I enlacées avec grâce, et sur toutes les marges plusieurs autres devises relatives aux deux princesses.

archidiacre. — Crotté en archidiacre.

C’est-à-dire bien crotté, parce que les archidiacres étaient tenus autrefois de faire à pied leurs visites, dans toutes les saisons, chez tous les curés de leur archidiaconé. Le temps a fait disparaître cet usage et la locution qui s’y rattache.

argent. — L’argent est un bon serviteur, mais c’est un mauvais maître.

Ce proverbe a été attribué au chancelier Bacon, mais il existait avant Bacon ; peut-être a-t-il été inspiré par ce vers d’Horace :

Imperat aut servit collecta pecunia cuique ;

ou bien par ce mot sur Caligula : « Il n’y eut jamais un meilleur esclave ni un plus mauvais maître. »

Il faut pouvoir dire de l’argent ce que le philosophe Aristippe disait d’une belle courtisane : « Je possède Laïs sans qu’elle me possède. »

L’argent fait tout.

Nummus vincit, nummus regnat, nummus imperat.

On lit dans l’Ecclésiaste : Pecuniæ obediunt omnia.

Les Italiens disent : Il danaro e un compendio del poter humano.

Argent comptant porte médecine.
pour signifier qu’il est d’un grand secours, qu’il guérit bien des maux.

L’argent est un remède à tout mal, hormis à l’avarice.

L’esprit, le temps, l’argent, sont trois grands médecins ;
L’argent seul !… est-il rien, excepté l’avarice,
Que ce doux élixir n’endorme et ne guérisse ?

(Piron, École des Pères, act. iii, sc. 3.)