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On trouve dans Rabelais, Rompre l’andouille au genou.

Les Espagnols disent : Soldar el azogue, souder le vif-argent ; et les Italiens : Pigliar il vento con le reti, prendre le vent au filet.

Il ressemble aux anguilles de Melun, il crie avant qu’on l’écorche.

On représentait un jour à Melun le mystère de saint Barthélemy qui, suivant le martyrologe, fut écorché et mis en croix : un étudiant de cette ville, nommé Languille, chargé de faire le rôle du martyr, fut tellement épouvanté, au moment où les bourreaux le saisirent pour simuler le supplice, qu’il ne put s’empêcher de pousser des cris. Et de là vint la locution proverbiale qu’on applique à une personne qui s’effraie sans sujet, qui se plaint avant de sentir le mal. D’après cette explication, donnée par Fleury de Bellingen, il faudrait dire : Il ressemble à Languille, et non pas aux anguilles de Melun ; mais la seconde version, quoique fautive, n’est pas moins usitée que la première, et le Dictionnaire de l’Académie l’a consacrée.

angoisse. — Faire avaler à quelqu’un des poires d’angoisse.

C’est lui faire essuyer de mauvais traitements dont il ne peut se plaindre. Allusion à la poire d’angoisse, petite boule de fer qui, étant glissée par les voleurs dans la bouche d’un homme qu’ils voulaient dépouiller, et s’y détendant par la pression d’un ressort secret, accroissait son volume au point de lui couper la parole et de ne pouvoir être retirée qu’avec l’aide d’un serrurier. Machine vraiment diabolique dont l’invention a été attribuée par quelques auteurs au capitaine Gaucher qui servait, du temps de la ligue, au pays de Luxembourg, et par quelques autres à un Toulousain nommé Palioly, chef d’une bande de filous établie à Paris. L’Académie semble croire que cette locution fait allusion à la poire d’Angoisse, fruit si âpre et si revêche au goût, dit-elle, qu’on a de la peine à l’avaler. Mais elle se trompe, car ce fruit est assez doux dans sa maturité, et les Parisiens, qui le trouvaient fort bon autrefois, devaient en faire