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duc n’est point, comme ils l’ont cru, celui qui fit la guerre de la succession d’Espagne, car les expressions dont il s’agit sont antérieures de plus d’un siècle et demi à cette époque. Elles doivent se rapporter au duc de Vendôme qui, en 1522, défendit la Picardie avec autant de prudence que de succès, lorsque cette province fut envahie par les troupes combinées des Flamands et des Anglais sous les ordres de l’amiral comte de Surrey. Le général français, qui avait à lutter contre des forces très supérieures aux siennes, prit le parti d’éviter les batailles rangées, et s’appliqua constamment à ruiner en détail l’armée ennemie, soit en interceptant ses convois, soit en attaquant ses postes avancés, soit en la harcelant sans relâche sur tous les points vulnérables avec une bonne cavalerie. Comme il n’était jamais arrêté dans ses expéditions, ni par la grande pluie, ni par la grande chaleur, et qu’il manœuvrait, au contraire, à la faveur de ces circonstances du temps, pour fondre à l’improviste sur quelque corps isolé ou pour aller ravitailler secrètement les places dans lesquelles il avait eu soin de jeter des garnisons, les soldats s’amusèrent à créer les locutions du brouillard, de la fraîcheur et de la couleur de monsieur de Vendôme, voulant faire entendre que leur chef regardait la grosse pluie comme un léger brouillard, que la grande chaleur était pour lui comme la fraîcheur, et qu’il savait dérober ses mouvements aux ennemis aussi bien que s’il eût été invisible.

Ils allèrent même jusqu’à dire le perroquet de monsieur de Vendôme, autre expression de la même espèce par laquelle on désigne encore un homme dont le silence rend les secrets impénétrables.

Il est plus près de sainte larme que de Vendôme.

Il est plus près de pleurer que de chanter.

Ce dicton est fondé sur une double allusion à une chanson joyeuse dont le refrain est Vendôme, Vendôme, Vendôme ; et à la sainte larme qu’on gardait autrefois religieusement dans l’abbaye des Bénédictins à Vendôme. Cette sainte larme était une de celles que Notre Seigneur répandit à la résurrection de Lazare. Recueillie par un ange dans une petite ampoule et donnée