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TRÉ

mort du péché. La vertu est laborieuse, et le vice est oisif : laboriosa virtus est, vitium est iners. Il n’y a pas de plus grand moralisateur que le travail ; il est la base de toute vertu. (Voyez l’oisiveté est la mère des vices.)

trépassé. — Il va à la messe des trépassés ; il y porte pain et vin.

Ce dicton, qu’on emploie en parlant d’un homme qui va à la messe après avoir bien déjeuné, est fondé, dit-on, sur la coutume établie dans plusieurs diocèses de présenter à l’offrande du pain et du vin aux messes d’enterrement. Cette coutume a été regardée par quelques savants comme un reste des sacrifices ollaires qui se fesaient annuellement, dans la plus haute antiquité, pour les morts du monde antédiluvien, et qui consistaient en semences bouillies, à cause de la tradition des semences conservées dans l’arche. Les Égyptiens, les Hébreux, les Celtes, les Grecs, les Romains, et autres peuples, ajoutèrent ou substituèrent des aliments à ces semences, et ce fut l’origine du festin funèbre, epulum funebre, qu’ils servaient sur les tombes, autant pour les vivants que pour les morts. Ce festin fut adopté par les chrétiens, et saint Augustin nous apprend qu’il avait lieu tous les jours dans les églises d’Afrique en l’honneur des martyrs ; il était aussi très fréquent dans celles d’Europe. Les abus qui en résultèrent le firent interdire en France par les premiers conciles provinciaux d’Arles et de Tours ; cependant il se maintint en plusieurs endroits longtemps après l’interdiction. Il en reste encore aujourd’hui quelque chose dans ce qui se pratique après les funérailles dans quelques provinces, notamment en Sologne : les personnes qui ont été du convoi d’un mort reviennent dans sa maison, où elles tâchent de se consoler à table le verre à la main. Cet usage, où il entre un peu de superstition, s’est conservé, sans doute, parce qu’on se rend de loin aux enterrements, et qu’on ne peut pas s’en retourner sans avoir mangé. Il semble que le maintien de toute superstition ait une cause naturelle pour principe, et le maintien de celle-ci est fondé sur une assez bonne raison dans les pays dont les habitants sont disséminés dans des hameaux peu rapprochés.