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TON

tondu. — Je veux être tondu si…

Cette espèce d’imprécation proverbiale est venue de l’usage où l’on était autrefois de dégrader un homme en le tondant. Dans les commencements de la monarchie, les serfs avaient la tête rase. On jurait sur ses cheveux, comme on jure aujourd’hui sur son honneur, et les couper à quelqu’un, c’était le déshonorer. En saluant une personne, rien n’était plus poli que de s’arracher un cheveu et de le lui présenter ; c’était dire, qu’on lui était aussi dévoué que son esclave. Clovis s’arracha un cheveu et le donna à saint Germier, évêque de Toulouse, pour marquer à quel point il l’honorait ; chaque courtisan fit le même présent à ce vertueux évêque, qui s’en retourna dans son diocèse enchanté, dit Saint-Foix, des politesses de la cour. (L’abbé Tuet.)

L’horreur des cheveux courts dura longtemps en France, parce qu’on tondait les hommes détenus dans les prisons ou condamnés par jugement à une déshonorante détention. Quand le comte de Saint-Germain, ministre sous Louis XV, voulut faire couper les cheveux aux soldats, l’armée fut sur le point de se révolter, et l’on fut obligé de lui laisser ses cheveux.

tonneau. — Les tonneaux vides sont ceux qui font le plus de bruit.

L’origine et l’explication de ce proverbe se trouvent dans ce mot de Phocion : Les grands parleurs sont comme les vases vides qui résonnent plus que les pleins.

Les Grecs comparaient les grands bavards dont les paroles semblent renaître d’elles-mêmes, aux chaudrons de Dodone. Ces chaudrons d’airain, placés dans le temple, étaient disposés de telle sorte qu’en frappant sur le premier, le son se communiquait successivement jusqu’au dernier.

Nec Dodonæi cessat tinnitus aheni.

(Ausone.)

Les Latins disaient tonitrua Claudiana, non, comme on pourrait le croire, par allusion aux vers ampoulés et ronflants du poëte Claudien, mais par allusion à des machines de bronze,