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pas. — Pas à pas on va bien loin.

Quand on va toujours, on ne laisse pas d’avancer, quoiqu’on aille lentement. — Ce n’est pas de courir qu’il importe, mais de ne pas s’arrêter en chemin. Une marche précipitée produit bientôt la fatigue, et par conséquent le retard, tandis qu’une marche mesurée dure longtemps et ménage le moyen d’aller plus loin.

Les Italiens disent : Chi va piano, va sano ; chi va sano, va bene ; chi va bene, va lontano. Qui va doucement, va sainement ; qui va sainement, va bien ; qui va bien, va loin.

Il n’y a que le premier pas qui coûte.

En toute affaire, le commencement est ce qu’il y a de plus difficile. Commencer, c’est le grand travail, dit un autre proverbe. Le cardinal de Polignac racontait un jour, devant madame du Deffant, le martyre de saint Denis, qui, ayant été décapité à Montmartre, releva sa tête et la porta dans ses mains jusqu’à l’endroit où on lui bâtit depuis une église[1]. Comme son Éminence avait l’air d’insister sur la longueur de la route que le saint avait parcourue en cet état, la spirituelle dame lui dit : « Monseigneur, il n’y a que le premier pas qui coûte. »

patelin. — C’est un patelin.

C’est-à-dire un homme souple et artificieux qui, par des paroles flatteuses et insinuantes fait venir les autres à ses fins. — Patelin était le nom d’un acteur qui joua le rôle de l’avocat dans l’ancienne farce qui a pris ce nom. « Nos ancestres, » dit E. Pasquier (Recherches, liv. viii, ch. 59), « trouvèrent ce maistre Pierre Patelin avoir si bien représenté le personnage pour lequel il estoit introduit, qu’ils mirent en usage le mot

  1. Pour qu’on ne m’accuse pas de vouloir rien ôter à la gloire de saint Denis, j’ajouterai, d’après Helduin, son biographe, qu’il baisa plusieurs fois sa tête sur la route, en présence des anges qui raccompagnaient en chantant : Gloria tibi, Domine, alleluia. Une action si miraculeuse doit être conservée dans les livres, avec d’autant plus de soin que la peinture et la sculpture seront à jamais impuissantes à la représenter.