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deuil joyeux. — L’origine de cette façon de parler doit être rapportée à nos anciennes représentations théâtrales où les acteurs étaient masqués, comme dans celles de l’antiquité. Celui qui était chargé de jouer un rôle, tantôt triste, et tantôt gai, portait un masque dont un côté exprimait la douleur et l’autre la joie, afin de montrer tour à tour aux yeux des spectateurs les deux affections opposées, au moyen de ce masque toujours offert de profil. — L’expression Jean qui pleure et Jean qui rit est dérivée de la même source. Le célèbre peintre anglais Reynolds, voulant caractériser le double talent de Garrick dans la tragédie et dans la comédie, le peignit pleurant d’un œil et riant de l’autre, entre Melpomène et Thalie.

Se battre l’œil d’une chose.

Se battre l’œil, c’est proprement se frapper l’œil avec la paupière qu’on abaisse et qu’on relève alternativement, ce qui se fait en signe de dérision et de mépris : de là cette expression employée figurément pour dire qu’on se moque d’une chose.

œuvre. — À bon jour bonne œuvre.

Ce proverbe ne devrait se dire que des bonnes actions qui se font pendant les jours de grande fête ; mais comme l’occasion de l’appliquer en ce sens s’est toujours offerte rarement, on a pris le parti de l’employer d’une manière ironique en parlant des mauvaises actions, qui sont beaucoup plus fréquentes les jours fériés que les autres jours.

offenseur. — L’offenseur ne pardonne jamais.

Ce proverbe, traduit de l’italien Chi offende non perdona mai, se retrouve dans cette réflexion de Tacite : Proprium humani ingenii est odisse quem læseris (Agricol. vita, no 41). C’est le propre de la nature humaine de haïr celui qu’on a offensé. Le même écrivain remarque que les causes de la haine sont d’autant plus violentes qu’elles sont injustes : Odii causæ acriores quia iniquæ (Annal., lib. i, c. 33). Sénèque avait dit avant Tacite : Hoc habent animi magnâ fortunâ insolentes quòd læserint et oderint (De irâ, lib. ii, c. 33). Le vice des hommes rendus insolents par une grande fortune est de joindre la haine à l’offense.