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vigoureuse ; cependant sa perte n’en était pas moins assurée, parce que les vivres lui manquaient. Aussi demanda-t-il une capitulation de retraite, pour laquelle il proposait de payer tous les frais de la guerre, de rendre toutes ses conquêtes, et de ne plus combattre contre la France pendant sept ans. Il semblait convenable de rejeter ses offres et d’exiger qu’il demeurât prisonnier ; mais il y avait de la folie à vouloir le forcer dans ses retranchements, lorsqu’on était certain de l’obliger, en l’affamant, à se rendre à discrétion sous peu de jours. Tel fut l’avis des capitaines les plus expérimentés. Le monarque refusa de l’adopter, en disant que c’était une honte de prétendre vaincre sans coup férir ; et, par une ardeur toujours si naturelle et quelquefois si funeste aux Français, on brusqua imprudemment l’attaque en lançant un corps de gendarmerie dans un défilé montant contre les Anglais, ou plutôt contre les Gascons qui formaient les trois quarts de leurs troupes. Ce corps, resserré dans un lieu qui ne permettait pas de faire agir plus de quatre combattants de front, fut culbuté, et sa fuite jeta le plus grand désordre dans le reste de l’armée, que le prince Noir fit charger aussitôt avec impétuosité. Les cavaliers français, dont le plus grand nombre avait reçu l’ordre de se tenir à pied, n’eurent pas le temps de se remettre sur leurs arçons, et ceux qui purent le faire se virent entravés dans tous leurs mouvements par les vignes au milieu desquelles ils étaient placés. Tous les moyens que le désespoir est capable de suggérer furent en vain employés pour ressaisir l’avantage. Il resta tout entier aux Anglais, et le roi Jean, fait prisonnier dans la mêlée, reconnut, malheureusement trop tard, que la bravoure et la supériorité du nombre ne sont pas toujours des gages assurés du succès des armes. Son inexpérience pendant cette sanglante journée lui fit donner le surnom de Jean des Vignes, appliqué depuis à tout mal avisé qui s’enferre lui-même.

Mariage de Jean des Vignes, tant tenu, tant payé.

C’est ce qu’on appelle, dans le langage de la galanterie, une passade, c’est-à-dire un commerce avec une femme que l’on