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HÉR

hère. C’est un pauvre hère.

C’est un homme sans mérite, sans considération, un pauvre sire. Ce mot est dérivé de l’allemand Herr, qui signifie Seigneur. Une métathèse de sens fort commune en a fait en français un terme de mépris. C’est ainsi que deux autres mots allemands fort nobles, ross et buch, coursier et livre, sont devenus chez nous rosse et bouquin.

hérésie. — Un sot ne fait point d’hérésie.

Ce proverbe est, dans l’application qu’on en fait, une critique déguisée sous la forme de la louange, une manière ironique d’excuser la sottise. Il est fondé sur cette vérité incontestable que l’auteur d’une hérésie doit allier à l’énergie du caractère l’exercice des facultés intellectuelles ; car on ne remue point les hommes sans ces deux puissants leviers. M. de Châteaubriand, dans ses Études historiques, a très bien montré l’affinité des hérésies et des systèmes philosophiques : « L’hérésie, dit-il, cette branche gourmande du christianisme, ne cessa de pousser avec vigueur, et reproduisit de son côté le fruit philosophique dont le germe l’avait fait naître. » Il s’est rencontré dans cette pensée avec Tertullien et avec saint Jérôme. Le premier accusait les écrits de Platon d’avoir fourni la matière de la plupart des hérésies, et le second disait que les erreurs des hérétiques avaient toujours eu leur repaire dans les broussailles de la métaphysique d’Aristote.

héritier. — Un troisième héritier ne jouit pas des biens mal acquis.

Ce proverbe est traduit de ce vers latin :

De matè quæsitis non gaudet tertius hæres.

Il a pour pendant cet autre proverbe : Qui bien acquiert possède longuement.

N’est héritier que celui qui jouit.

Il ne faut compter sur un héritage que lorsqu’on le tient. Un autre proverbe dit : Qui attend les souliers d’un mort, risque d’aller pieds nus.