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GUE

ment à manger du raisin mûr qu’elles aiment beaucoup, et les grives apprivoisées s’enivrent plus fortement encore à boire du vin pur, pour lequel elles ont un goût particulier. Linnée (Fauna suecica, p. 71) parle d’une litorne ou tourdelle, espèce de grive, qui, ayant été élevée chez un cabaretier, se rendit si familière, qu’elle courait sur la table et allait boire du vin dans les verres ; elle en but tant qu’elle devint chauve ; mais, après avoir été privée de cette liqueur, pendant un an qu’elle passa en cage, elle reprit ses plumes.

grue. — Faire la grue.

C’est-à-dire regarder en l’air, parce que la grue est un oiseau à long cou qui a la tête et les yeux dirigés en l’air. Le peuple, qui est toujours disposé à chercher des merveilles en l’air, est appelé le peuple grue. Dans cette dernière expression, grue se prend pour bête, imbécile, comme dans le proverbe suivant : Maître Gonin est mort, le monde n’est plus grue.

Faire le pied de grue.

Lorsque les grues s’arrêtent quelque part, dit Pline le naturaliste (liv. x, c. 23), quelques-unes font le guet pendant la nuit, posées sur un pied et tenant de l’autre un petit caillou dont la chute, quand elles s’endorment, révèle leur négligence, ou interrompt leur sommeil : les autres se tiennent, tantôt sur un pied et tantôt sur l’autre. De là cette expression triviale, Faire le pied de grue, pour dire attendre longtemps sur ses pieds.

Un moineau dans la main vaut mieux qu’une grue qui vole.

Il faut préférer un petit avantage qui est certain à un grand avantage qui est incertain.

La grue figure dans ce proverbe par la raison qu’on mangeait beaucoup de grues en France dans le treizième et le quatorzième siècle ; comme on peut le voir dans le vieux livre intitulé : Viandier pour appareiller toutes manières de viandes, par Taillevent.

guépin. — Les guépins d’Orléans.

L’esprit fin et railleur des Orléanais leur a fait donner ce so-