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GRA

La goutte vient de la feuillette ou de la fillette.

Jeu de mots proverbial que répétait souvent l’historien Mézeray, qui passe pour en être l’auteur.

grâce. — Donner le coup de grâce à quelqu’un.

Faire quelque chose qui achève de le perdre, de le ruiner. — On appelait autrefois coup de grâce, le coup que le bourreau donnait sur l’estomac à un criminel roué vif, afin d’abréger ses souffrances.

Apprêter la table bien fournie à la bonne grâce.

Expression citée dans les Adages de l’Ancien et du Nouveau Testament par le jésuite Martin Del Rio, qui la regarde comme une allusion au culte de la bonne grâce ou bonne fortune à laquelle on consacrait des tables couvertes de mets exquis, pour se ménager ses faveurs. Cette expression, dont se servent les villageois, dans quelques localités du midi de la France, pour dire bien traiter ses convives, leur prodiguer les délices de la bonne chère, était généralement usitée autrefois et signifiait de plus : se donner du bon temps, jouir des douceurs de la vie, se livrer à ses joyeux penchants ; toutes acceptions conformes à celles que les Latins attachaient à l’adage indulgere genio, que je crois devoir traduire par choyer son bon génie, car cet adage me paraît avoir la même origine que notre expression. Ce qui me porte à penser ainsi, c’est que le bon génie et la bonne fortune furent toujours adorés et fêtés ensemble. Ces deux divinités recevaient les mêmes honneurs, à Rome, dans un temple du Capitole, dont leurs statues, chefs-d’œuvre de Praxitèle, fesaient un des plus beaux ornements ; elles avaient un autel commun dans l’antre de Trophonius ; Orphée ne les a jamais séparées dans ses hymnes, et le prophète Isaïe les a réunies dans ce passage remarquable, traduit en latin d’après la version des Septante : Qui ponitis mensam gad et impletis meni libamen, etc. Vous qui dressez la table pour la bonne fortune et qui préparez des libations pour le bon génie, etc. C’est saint Jérôme qui nous apprend que gad signifie la bonne fortune, et meni le bon génie.

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