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GAL

gabegie. — Il y a là dessous de la gabegie.

C’est-à-dire quelque intrigue, quelque manége, quelque artifice dont il faut se défier. « Ce mot trivial, dit M. Ch. Nodier, est d’un usage si commun dans le peuple, qu’il n’est pas permis de l’omettre dans les dictionnaires, et qu’il est du moins curieux d’en chercher l’étymologie. Il est évident qu’il nous a été apporté par les Italiens, et que c’est une des compensations de peu de valeur que nous avons reçues d’eux en échange des innombrables altérations que leur prononciation efféminée a fait subir à notre langue. Gabegie ou gabbegie est fait de gabba et de bugia, ruse et mensonge. »

galbanum. — Donner du galbanum à quelqu’un.

Lui donner de fausses espérances, l’amuser par de vaines promesses. — Cette façon de parler, dit Moisant de Brieux, vient de ce que, pour faire tomber les renards dans le piége, on y met des roties frottées de galbanum dont l’odeur plaît extrêmement à ces animaux et les attire. Le galbanum est une espèce de gomme produite par une plante du même nom.

galère. — Qu’allait-il faire dans cette galère ?

Ce proverbe dont on fait l’application à un homme qui s’est embarqué dans une mauvaise affaire, doit son origine à une scène des Fourberies de Scapin, où le vieux Géronte, apprenant que son fils Léandre est retenu dans une galère turque, d’où il ne peut sortir qu’en donnant cinq cents écus qu’il le prie de lui envoyer, s’écrie jusqu’à six fois : Que diable allait-il faire dans cette galère ? Cette scène, que tout le monde connaît, est imitée d’une scène du Pédant joué, où le principal personnage, placé dans la même situation que Géronte, et obligé de compter cent pistoles pour le rachat de son fils, dit aussi à plusieurs reprises : Que diable aller faire dans la galère d’un Turc ? Mais l’imitation est bien supérieure à l’original, et si l’esprit de Cyrano de Bergerac a trouvé le refrain auquel reviennent toujours les deux avares, c’est le génie de Molière qui l’a rendu comique, et en a fait un proverbe qu’on n’oubliera jamais.