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sieurs endroits, l’avertissement que voici : Bon battre sa femme en hui.

Cette odieuse coutume, qui se maintint légalement en France, suivant Fournel, jusqu’au règne de François Ier, paraît avoir été fort répandue dans le treizième siècle ; mais elle remonte à une époque plus reculée. Le chapitre 131 des lois anglo-normandes porte que le mari est tenu de châtier sa femme comme un enfant, si elle lui fait infidélité pour son voisin. Si deliquerit vicino suo, tenetur eam castigare quasi puerum. Un article du concile tenu à Tolède l’an 400 dit : Si la femme d’un clerc a péché, le clerc peut la lier dans sa maison, la faire jeûner et la châtier, sans attenter à sa vie, et il ne doit pas manger avec elle jusqu’à ce qu’elle ait fait pénitence.

Comment des ministres de la religion chrétienne, qui a tant fait pour l’émancipation et la dignité des femmes, ont-ils pu concevoir la pensée de les soumettre à une pénalité si brutale et si dégradante ! Ils auraient dû être conduits par l’esprit de cette religion, où tout est amour et charité, à proclamer le principe de la loi indienne qui dit dans une formule pleine de délicatesse et de poésie : « Ne frappe pas une femme, eût-elle commis cent fautes, pas même avec une fleur. »

Remarquons, du reste, que le droit de battre n’a pas toujours appartenu aux maris exclusivement. La dame noble qui avait épousé un roturier pouvait lui infliger la correction avec des verges, toutes les fois qu’elle jugeait cela convenable. (Voyez la fin de l’article : Porter la culotte.)

Jean Belet, dans son Explication de l’office divin, parle d’un singulier usage de son temps : La femme, dit-il, bat son mari la troisième fête de Pâques, et le mari bat sa femme le lendemain : ce qu’ils font pour marquer qu’ils se doivent la correction l’un à l’autre et empêcher qu’ils ne se demandent, en ce saint temps, le devoir conjugal[1].

Qui femme a, noise a.

Saint Jérôme dit : Qui non litigat cælebs est, celui qui n’a point

  1. La raison pour laquelle les époux devaient s’abstenir du devoir conjugal, non-seulement pendant les fêtes de Pâques, mais pendant