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nôtre ; une femme y dit : Ce n’est rien ; c’est mon mari que l’on tue.

Je partage le sentiment exprimé par La Fontaine dans ces vers du début de sa fable intitulée La femme qui se noie :

Je ne suis pas de ceux qui disent : Ce n’est rien ;
C’est une femme qui se noie.
Je dis que c’est beaucoup, et ce sexe vaut bien
Que nous le regrettions, puisqu’il fait notre joie.

Il est permis de battre sa femme, mais il ne faut pas l’assommer.

Ce proverbe a été originairement une formule de droit. Plusieurs anciennes chartes de bourgeoisie autorisaient les maris, en certaines provinces, à battre leurs femmes, même jusqu’à effusion de sang, pourvu que ce ne fût point avec un fer émoulu, et qu’il n’y eût point de membre fracturé. Les habitants de Villefranche en Beaujolais jouissaient d’un pareil privilége qui leur avait été concédé par Humbert IV, sire de Beaujeu, fondateur de leur ville. Quelques chroniques assurent que le motif d’une telle concession fut l’espérance où était ce seigneur d’attirer un plus grand nombre d’habitants, espérance qui fut promptement réalisée.

On trouve dans L’Art d’aimer, poëme d’un trouvère, le passage suivant : « Garde-toi de frapper ta dame et de la battre. Songe que vous n’êtes point unis par le mariage, et que, si quelque chose en elle te déplaît, tu peux la quitter. »

La Chronique bordelaise, année 1314, rapporte ce fait singulier : À Bordeaux, un mari accusé d’avoir tué sa femme comparut devant les juges, et dit pour toute défense : Je suis bien fâché d’avoir tué ma femme ; mais c’est sa faute, car elle m’avait grandement irrité. Les juges ne lui en demandèrent pas davantage, et ils le laissèrent se retirer tranquillement, parce que la loi, en pareil cas, n’exigeait du coupable qu’un témoignage de repentir.

Un de ces vieux almanachs qui indiquaient à nos bons aïeux les actions qu’ils devaient faire jour par jour donne, en plu-