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sidère comme ce mirage trompeur dont l’éclat ne brille d’ordinaire que sur les sables arides des déserts.

Les Arabes disent : Qui a de longues espérances a de longues douleurs. — Ils disent aussi : Qui voyage sur le char de l’espérance a la pauvreté pour compagne.

Les Italiens ont ce proverbe : Assai guadagna chi vano sperar perde. Gagne beaucoup qui perd une vaine espérance.

Espérance bretonne.

Cette expression, fréquemment employée par les troubadours et les trouvères, pour marquer une espérance toujours déçue et jamais rebutée, s’explique par celle-ci : Attendre comme les Bretons Arthur, qui est également familière à ces poëtes et qui a la même origine et la même signification. — Cet Arthur ou Artus, héros de la romancerie anglo-normande qui lui attribue l’institution de l’ordre de la Table-Ronde, fut le dernier roi des Bretons-Siluriens[1]. Après avoir défendu longtemps son pays avec succès contre les Angles du nord, les Saxons de l’occident et les Danois qu’il vainquit en douze batailles successives, il fut complétement défait à Camblan, vers 542. Blessé mortellement dans cette affaire, il se fit transporter en un, lieu inconnu, où il termina sa glorieuse vie. Ses soldats étonnés de ne pas le voir reparaître allèrent à sa recherche, et, comme ils ne trouvèrent nulle part son tombeau, ils se persuadèrent qu’il n’était pas mort. La superstition du temps accueillit cette idée exploitée par la politique nationale comme moyen de résistance contre les vainqueurs ; et bientôt ce fut une croyance populaire qu’Arthur reviendrait un jour régner sur l’Angleterre affranchie du joug étranger, et qu’il y ramènerait le siècle d’or. En attendant, il était censé dormir du sommeil d’Endymion au pied du mont Etna, par l’effet d’un philtre magique que les enchanteurs Merlin et Thaliessin lui avaient donné pour prolonger son existence, après l’avoir guéri de sa

  1. Le nom d’Arthur est formé des deux mots Arth-uer, qui signifient souverain des Silures, suivant Withaer, auteur d’une histoire intéressante et même probable des guerres de ce prince.