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jetait cette poussière derrière son épaule à son plus proche parent, pour signifier sans doute qu’il se déchargeait sur lui de sa dette et qu’il le rendait responsable du déshonneur qu’il y avait pour la famille à ne pas l’acquitter. C’est de cet usage que sont venues, dit-on, les expressions Jeter ses dettes derrière l’épaule ou par dessus l’épaule, et Payer par dessus l’épaule, pour signifier ne point payer.

Remarquons qu’il y avait chez les Hébreux une façon de parler analogue, Rejeter quelque chose derrière soi, dont le sens était : n’en pas tenir compte, l’oublier. Tu as rejeté derrière toi toutes mes fautes, dit Ézéchias à Dieu, dans son cantique.

Pasquier, dans ses Recherches (liv. viii, ch. 47), a donné une autre explication. « Nous disons un homme estre riche ou vertueux par dessus l’épaule, nous mocquans de luy et voulans signifier n’y avoir pas grands traicts de vertu ou de richesse en luy. Duquel dire appris-je l’origine et dérivaison par quelques joueurs de flux… Il advint qu’un quidam, en se riant, dist qu’il avoit deux as en son jeu, et les exhibant sur la table, fut trouvé que c’estoient deux varlets, chacun desquels, comme l’on sçait, porte une unité sur l’espaule : à quoi ayant appresté par son mensonge à rire à la compagnie, il répondit véritablement qu’il en avait deux, mais que c’estoit par dessus l’espaule, qui est prendre ce propos (dont nous faisons un proverbe) en sa vraye signification ; car chaque teste, soit cœurs, careaux, trèfle et picque, a un as dessus l’espaule pour faire cognoistre de quel jeu ils sont roys, roynes ou varlets ; et toutefois, ceste unité ne représente pas un as : parquoy, si nous voulons rapporter ce commun proverbe à ce jeu, nous le trouverons estre dit avec quelque fondement de raison, combien qu’autrement il semble avoir esté inventé à crédit et par une témérité populaire. »

Porter quelqu’un sur les épaules.

C’est en être ennuyé, fatigué. — Métaphore empruntée probablement de l’usage symbolique d’après lequel le vainqueur se mettait sur les épaules du vaincu et le chevauchait même, pour marquer qu’il le tenait sous sa dépendance absolue. Cet usage, dont les temps féodaux offrent plus d’un exemple, était