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On pourrait appliquer souvent à certains exagérateurs le mot plaisant de Goldsmith à Johnson qui avait l’habitude de traduire les choses les plus simples en style très ampoulé : « Je crois, docteur, que si vous vouliez écrire une fable sur de petits poissons, vous feriez parler ces petits poissons comme des baleines. »

ellébore. — Avoir besoin de deux grains d’ellébore.

Cette expression, dont on se sert en parlant d’une personne qu’on veut taxer de folie, nous est venue des anciens qui employaient l’ellébore pour purger le cerveau des fous. — Cette plante croissait abondamment dans les trois îles d’Antycire, et c’est pour cela que les Romains disaient dans le même sens : Naviget Antyciram, qu’il aille à Antycire. — Ô tribus Antycirix caput insanabile ! ô tête que ne pourraient guérir tous les remèdes des trois Antycires !

Archigenès, médecin fameux qui vivait sous Trajan, avait donné lieu à une autre expression proverbiale très analogue ; comme il excellait dans le traitement des maladies mentales, on disait d’un homme qui paraissait privé de la raison : Il a besoin d’Archigenès, comme on dirait aujourd’hui : il a besoin d’Esquirol ou de Leuret. Suidas nous apprend que ce médecin, natif d’Apamée en Syrie et établi à Rome, avait beaucoup écrit sur son art et sur la physique.

emploi. — L’emploi fait connaître un homme.

Ce proverbe est littéralement traduit d’une sentence grecque attribuée à Solon par Sophocle, et à Bias par Aristote. Il s’applique à peu près dans le même sens que cet autre : À l’œuvre on connaît l’ouvrier.

emprunt. — Emprunt n’est pas avance.

Il est plutôt retard ; car les intérêts qu’il faut payer retiennent plus longtemps l’emprunteur dans la gêne. L’emprunt finit presque toujours par ronger une fortune ou grossir une misère, comme dit le bonhomme Richard. Le distique suivant, dont la pensée appartient à Socrate, indique une bonne manière d’em-