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autres, et qui se tourmente lui-même. Les Allemands nous ont pris ce mot pour nous l’appliquer. Quand le Français dort, disent-ils, le diable le berce. Ce qui est parfaitement vrai, si l’on en restreint l’application à la vivacité française pour laquelle le repos est un état violent et incommode.

Si le diable sortait de l’enfer pour se battre, il se présenterait aussitôt un Français pour accepter le défi.

Et c’est le cas de dire que le diable aurait affaire à forte partie.

L’ardeur guerrière du Français est très bien caractérisée dans ce vieux proverbe.

De jeune ange vieux diable.

On a observé que les caractères pleins de douceur dans le premier âge ont, en général, beaucoup de vivacité et de malice dans un autre âge. Ce changement est peut-être moins un effet de la nature que de l’éducation. C’est ainsi que le rosier, qui nait sans épines sur les hautes Alpes, se hérisse de pointes acérées lorsqu’il est cultivé dans nos jardins.

C’est le diable à confesser.

Expression très usitée en parlant d’une personne dont on ne peut tirer quelque aveu, ou dont on ne peut obtenir ce qu’on désire, et par extension, d’une chose très difficile, presque impossible.

Loger le diable dans sa bourse.

Un homme n’ayant plus ni crédit ni ressource,
Et logeant le diable en sa bourse,
C’est-à-dire n’y logeant rien.

(La Fontaine, fable 16 du livre ix.)

On a prétendu que cette expression devait son origine à une anecdote qui est racontée fort agréablement dans l’épigramme, suivante de notre vieux poëte Saint-Gelais :

Un charlatan disait en plein marché
Qu’il montrerait le diable à tout le monde.
Si n’y eust nul, tant fust-il empesché,
Qui ne courust pour voir l’esprit immonde.