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récalcitrantes qui s’obstinent à avancer au lieu de reculer quand on les tire par la queue.

Le mitron qui tire le diable par la queue, est un symbole de la lutte incessante de l’homme contre le malheur, et du travail opiniâtre auquel il est condamné pour se procurer de quoi vivre.

On connaît cette phrase originale que M. Victor Hugo, dans sa Lucrèce Borgia, a mise dans la bouche de Gubetta : « Il faut que la queue du diable lui soit soudée, chevillée et vissée à l’échine d’une manière bien triomphante, pour qu’il résiste à l’innombrable multitude de gens qui la tirent perpétuellement. »

Le comte de Conflans plaisantait un jour le cardinal de Luynes de ce qu’il se fesait porter la queue par un chevalier de Saint-Louis. L’éminence piquée au jeu répondit que tel avait été toujours son usage, et que parmi ses caudataires il s’en était même trouvé un qui prenait le nom et les armoiries des Conflans. — Il n’y a rien d’étonnant en cela, repartit le comte avec gaieté : dans ma famille on a été réduit plus d’une fois à tirer le diable par la queue.

Le diable bat sa femme et marie sa fille.

Ce dicton, employé fréquemment pour signifier qu’il pleut et qu’il fait soleil à la fois, a pour fondement une tradition mythologique que je vais rapporter, d’après un fragment de Plutarque qu’Eusèbe nous a conservé dans sa Préparation évangélique (liv. iii, ch. 1). — Jupiter était brouillé avec Junon qui se tenait cachée sur le mont Cythéron. Ce dieu, errant dans le voisinage, rencontra le sculpteur Alalcomène qui lui dit que, pour la ramener, il fallait la tromper et feindre de se marier avec une autre. Jupiter trouva le conseil fort bon et voulut le mettre sur l’heure en pratique. Aidé d’Alalcomène il coupa un grand chêne remarquable par sa beauté, forma du tronc de cet arbre la statue d’une belle femme, lui donna le nom de Dédala, et l’orna de la brillante parure de l’hyménée. Après cela, le chant nuptial fut entonné, et des joueurs de flûte, que fournit la Béotie, l’accompagnèrent du son mélodieux de leurs instru-