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DÉF

déchausser.Il ne faut pas se déchausser pour manger cela.

C’est ce que dit un gaillard de bon appétit, à la vue d’un mets qu’il se flatte d’avaler promptement, sans crainte d’en avoir l’estomac surchargé. L’abbé Tuet pense que cette locution populaire peut être fondée sur la coutume des anciens qui, au moment du repas, quittaient leur chaussure pour se mettre sur les lits disposés autour de la table.

découdre.Il faut en découdre.

C’est-à-dire en venir aux mains, se prendre corps à corps. On prétend que cette locution populaire est fondée sur ce que les soldats portaient autrefois des jaques ou casaques garnies de coton ou de crin sous plusieurs doubles de toile qu’il fallait en quelque sorte désassembler, découdre, dans le combat au joindre, pour que le poignard pût pénétrer jusqu’à la chair. Il est plus naturel de penser qu’elle est fondée sur ce que, en se saisissant au collet, comme font les gens du peuple, on découd ou déchire ses habits.

découvrir.Plus on se découvre plus on a froid.

Plus on se dit malheureux, plus on est privé du secours d’autrui. Les hommes ne font guère du bien qu’à ceux qui peuvent le leur rendre, et quand on leur montre qu’on est sans ressource, on les trouve sans obligeance. Qui chante ses maux épouvante, suivant un autre proverbe. — Le secret de notre indigence, a dit un homme d’esprit, doit être le plus délicat et le mieux gardé de nos secrets.

défiance. — La défiance est mère de sûreté.

C’est-à-dire qu’il faut être toujours sur ses gardes pour éviter d’être trompé. — Ce proverbe, qui nous exhorte à nous défier de nos semblables, est peu conforme à l’humanité et sent la misanthropie. Il n’y a point de sagesse à croire tous les hommes trompeurs, et la défiance poussée à l’excès empoisonnerait la vie. Gardons-nous de ce rigorisme antiphilosophique, et si nous ne pouvons nous fier à beaucoup de gens, ayons du moins la consolation de nous fier à quelqu’un.