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Il y a un bel adage allemand employé par Schiller : Verdopple die Gefahr, spricht der Held, nicht die Helfer ; double les dangers, dit le héros, et non pas les auxiliaires.

Le danger dissout tous les liens.

Ce proverbe n’est que trop vrai, malgré quelques exceptions honorables qui font honneur à l’humanité. On voit régner, dans les temps de peste et de famine, tous les vices hideux d’un égoïsme dénaturé ; il n’y a plus alors ni parents ni amis. Les cœurs glacés par la terreur sont inaccessibles à la pitié. On dirait que le ciel qui les châtie permet qu’ils renoncent aux affections généreuses, afin qu’ils restent sans consolation.

Danger passé, saint moqué.

Scampato il pericolo, gabbato il santo. On dit aussi : Péril passé, promesses oubliées. Ces proverbes font allusion aux vœux qu’on fait sur mer pendant la tempête, et qu’on oublie d’ordinaire aussitôt qu’on est arrivé au port. Dans les Facéties de Pogge, il est parlé d’un marin qui, sur le point de faire naufrage, vouait à la Vierge un cierge de la grosseur d’un mât ; comme on lui représentait qu’il n’en trouverait point de pareil chez aucun marchand : Bon, répondit-il, si nous échappons, il faudra bien qu’elle se contente d’une petite bougie. La Fontaine a rapporté un trait de la même espèce dans la fable 12e du liv. ix :

Un passager, pendant l’orage,
Avait voué cent bœufs au vainqueur des Titans :
Il n’en avait pas un. Vouer cent éléphants
N’aurait pas coûté davantage.
Oh ! combien le péril enrichirait les dieux,
Si nous nous souvenions des vœux qu’il nous fait faire !
Mais, le péril passé, l’on ne se souvient guère
De ce qu’on a promis aux cieux.
On compte seulement ce qu’on doit à la terre.
Jupiter, dit l’impie, est un bon créancier ;
Il ne se sert jamais d’huissier.

danse. — Après la panse, la danse.

Les Espagnols disent : Barriga caliente, pie durmiente ; à panse chaude, pied endormi. Ces deux proverbes, dont l’un carac-