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Qu’on me permette aussi une conjecture. Il me semble que ces expressions ont dû s’introduire à une époque où les caleçons et les hauts-de-chausses fesaient partie de l’habillement des dames nobles, et où celles de ces dames qui avaient pris des maris bourgeois jouissaient du privilége de leur commander et même de leur infliger la correction avec des verges lorsqu’ils ne se montraient pas assez soumis. Ces faits, qu’on serait tenté de regarder comme des épisodes fabuleux de l’Histoire du monde renversé, sont attestés par de graves et véridiques historiens, notamment par M. A. A. Monteil qui connaît mieux que personne les usages et les coutumes de notre nation.

Toutefois je ne tiens pas à ma conjecture, et je suis tout disposé à convenir, si l’on veut, que les expressions dont il s’agit n’ont été fondées sur aucun fait historique. Rien n’était plus naturel que d’attribuer le costume du mari à la femme qui aspire à jouer le rôle du mari.

C’est un sans-culotte.

Un écrivain qui voulait faire sa cour aux philosophes, pour être de l’Académie, s’avisa de composer contre le poëte Gilbert, leur antagoniste, une pièce satirique qu’il intitula le Sans-culotte, par allusion au dénûment de ce poëte. Le terme nouveau, mis en vogue dans les salons des riches, servit à désigner les auteurs pauvres qui, comme Gilbert, étaient réduits à porter la livrée du Parnasse, c’est-à-dire des vêtements vieux et râpés ; et quelques années plus tard il fut employé comme un dard invincible contre tous ceux dont les écrits ou les discours tendaient au nivellement révolutionnaire. C’est ainsi que le nom de va-nu-pieds avait été appliqué par les partisans aux gens du peuple qui s’étaient révoltés par suite de la haine que leur inspiraient ces financiers. Telle est, d’après Mercier, la véritable explication du mot sans-culotte (voy. le Nouveau Paris, t. iii, ch. 99). J’y joindrai, pour la compléter, les détails suivants que je dois à l’obligeance de M. le lieutenant-colonel Eugène Labaume, auteur de l’Histoire monarchique et constitutionnelle de la révolution française, qui s’imprime en ce moment. Le côté gauche de l’Assemblée législative, dit ce savant his-