Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/287

Cette page a été validée par deux contributeurs.
267
COR

naturalistes donnent aujourd’hui au freux, autre oiseau de semblable espèce. La corneille préfère cette noix à toutes les autres, parce que la coque en est moins dure ; et lorsqu’elle se sent excitée par la faim, elle s’envole sur un noyer, s’accroche du bec et des griffes à quelque branche, et l’agite aussi fortement qu’elle peut pour en abattre le fruit qui, s’entr’ouvrant dans la chute, lui offre un aliment plus facile à extraire de l’enveloppe où il est contenu.

En quelques endroits, on donne métaphoriquement le nom de corneille à l’homme chargé d’abattre les noix, parce qu’il ressemble à la corneille par l’agitation qu’il se donne et par la couleur d’un mauvais vêtement dont il s’affuble d’ordinaire, à cause des taches que font les écales.

Bayer aux corneilles.

S’amuser à regarder en l’air niaisement, et par extension, faire le badaud. — Bayer ou béer signifie ici regarder bouche béante : état qui est naturel au badaud, et qui est nécessaire d’ailleurs pour sa respiration, lorsqu’il lève la tête en haut afin de contempler le vol élevé des corneilles.

cornette.Porter la cornette.

On disait autrefois d’un homme qu’il portait la cornette lorsque sa femme portait la culotte ; mais aujourd’hui cette expression ne désigne plus un mari en puissance de femme, vir uxorius, comme disaient les Latins ; elle s’emploie dans le même sens que porter des cornes.

La cornette, ou le hennin, était une espèce de bonnet à deux cornes très élevées, dont l’introduction fut due à Isabeau de Bavière. Toutes les dames s’empressèrent de l’adopter, et c’était à qui aurait les hennins les plus riches, les cornes les plus élevées. De ces cornes descendaient en flottant sur les épaules des crêpes, des franges et d’autres ornements. Comme une pareille coiffure coûtait fort cher, les maris s’en plaignirent beaucoup. Les confesseurs, surtout les moines, se réunirent à eux, et la traitèrent d’invention diabolique. Un carme nommé Connéette l’anathématisa par dix-sept sermons qu’il prêcha à Lille, vers