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COR

célèbre courtisanne de cette ville, Laïs, qui mettait la jouissance de ses charmes à un prix excessif ; ce qui fit dire à Démosthène : Je n’achète pas si cher un repentir ; mot qui fait plus d’honneur à la parcimonie qu’à la continence de cet orateur.

cornes.Porter des cornes.

Dans la haute antiquité, les cornes étaient un symbole de la dignité et de la puissance. On représentait Jupiter-Ammon, Sérapis, Isis et Astarté avec des cornes ; on en plaçait une belle paire sur le front du dieu Pan, qui passait pour l’inventeur de l’ordre des batailles et de l’arrangement des armées en deux lignes formées l’une à la droite et l’autre à la gauche du centre ; d’où vint l’expression latine cornua exercitus (les cornes de l’armée) que nous rendons par les ailes de l’armée. Bacchus était aussi figuré cornu, soit parce que les premiers vases dont on se servit pour boire furent des cornes de bœuf, comme le remarque Diodore de Sicile (t. i, liv. iii), soit à cause de la vertu du vin qui donne de la vigueur aux faibles et de l’audace aux poltrons. Et pour exprimer cet effet du vin, on disait poétiquement qu’il prêtait des cornes aux buveurs. De là ces vers d’Horace dans l’ode à son amphore :

Tu spem reducis mentibus anxiis,
Viresque, et addis cornua pauperi.

Ce qu’Ovide (de Arte amandi, lib. i) a imité ainsi :

Tunc veniunt risus ; tunc pauper cornua sumit.

Apollon et Diane avaient quelques autels qui étaient construits de cornes entrelacées, et Martial (de Spectac., epig. 15) parle d’un de ces autels comme d’une merveille. Mais les cornes n’étaient pas des attributs exclusivement consacrés aux dieux ; elles servaient d’insignes à plusieurs héros. Les rois de Macédoine portaient des cornes de bélier à leur casque. Suivant Clément d’Alexandrie, Alexandre-le-Grand ne quitta jamais cette marque de distinction ; et de là vint le nom d’Alexandre aux deux cornes, Zou cornaïn, que lui donne Mahomet dans le Coran (ch. 18). Enfin les cornes sont, dans la Bible même, des symboles sacrés ; et les images qui nous retracent Moïse au sortir de son entrevue avec l’Éternel sur le mont Sinaï, nous