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Charles VI, marqué par plusieurs séditions populaires ; les agents de l’autorité s’emparaient secrètement des principaux factieux, les enfermaient dans des sacs liés par le haut avec une corde, et allaient les précipiter dans la Seine, pendant la nuit, sous le Pont-au-Change, ou bien hors de la ville, au-dessus des Célestins, devant la tour de Billy. — Ce supplice fut renouvelé, sous Louis XI, contre les criminels de lèse-majesté qu’on jetait dans la Loire, enfermés dans un sac qui portait cette inscription : Laissez passer la justice du roi.

De semblables exécutions avaient été en usage chez les Grecs. Platon, poëte comique, qui vivait un siècle après le philosophe du même nom, fut cousu dans un sac et jeté à la mer.

Le parricide, chez les Romains, était noyé dans un sac où l’on enfermait avec lui un chien, un coq, une vipère et un singe. (Voy. le discours de Cicéron : pro Roscio Amerino.)

Dans l’Histoire de la sultane de Perse et des visirs, contes turcs, composés au xve siècle, par Chec-Zade, précepteur d’Amurat II, on voit une marâtre qui fait mettre dans un sac et précipiter dans la mer le fils de son mari.

Quelques auteurs assignent une autre origine à l’expression proverbiale : avant le règne de Charles VI, disent-ils, on appelait sacards ou gens de sac de bonnes gens qui, en temps de peste, allaient, vêtus d’un sac, mettre les morts en terre. Comme ils se relâchèrent de leur probité et dérobèrent ce qui leur venait sous la main dans les maisons où ils entraient, la dénomination par laquelle ils étaient désignés se prit en mauvaise part et fut accolée à celle de gens de corde, pour n’en faire qu’une avec elle.

J’aime mieux croire que l’expression Gens de sac et de corde, dont on fait l’application à de mauvais garnements qui ne méritent pas moins d’être noyés que d’être pendus, est née tout naturellement d’une double allusion aux anciens supplices du sac et de la corde.

Filer sa corde.

Se conduire de manière à être pendu. — Les Italiens disent : Faire comme l’araignée qui travaille à se pendre.