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CON

Cette manière commune de raisonner est opposée aux principes de la saine logique, car les mêmes circonstances ne se rencontrent jamais dans deux objets.

Toute comparaison cloche.

Toute comparaison offre toujours quelque chose d’irrégulier et d’incomplet.

Toute comparaison est odieuse.

On n’est pas content de se voir placer sur la même ligne que les autres ; on veut être mis hors de pair, car l’amour-propre est le grand ennemi de l’égalité. Aussi l’effet ordinaire d’une comparaison qu’on établit entre deux personnes est-il de les blesser toutes deux ; chacune d’elles trouvant que son mérite est rabaissé, et que celui de l’autre est exagéré. — La Fontaine a très bien dit, à la fin d’une lettre écrite à madame de Bouillon, sœur de madame de Mazarin :

Vous vous aimez en sœurs, cependant j’ai raison
D’éviter la comparaison.
L’or se peut partager, mais non pas la louange.
Le plus grand orateur, quand ce serait un ange,
Ne contenterait pas, en semblables desseins,
Deux belles, deux héros, deux auteurs ou deux saints.

connaitre.Connais-toi toi-même.

Cette sentence de Chilon était écrite en lettres d’or dans le temple de Delphes. Les anciens la trouvaient si admirable, qu’ils ne pouvaient croire qu’un homme en fût l’auteur ; et ils l’attribuaient à la divinité même.

« Se connaître, dit Charron, est la première chose que nous enjoint la raison ; c’est le fondement de la sagesse. Dieu, nature, les sages et tout le monde prêche l’homme à se connaître. Qui ne connaît ses défauts ne se soucie de les amender ; qui ignore ses nécessités, ne se soucie d’y pourvoir ; qui ne sent pas son mal et sa misère, n’avise point aux réparations et ne court point aux remèdes. » — Il n’y a donc rien de plus important et de plus nécessaire que la connaissance de soi-même. Qui se connaît, connaît aussi les autres ; car chaque homme, comme le remarque Montaigne, porte la forme entière de l’humaine condition.