Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.
246
COI

Piquer le coffre.

À la cour et chez les seigneurs, il n’y avait guère que des coffres pour s’asseoir, particulièrement dans les antichambres. De là cette expression, maintenant hors d’usage, qui signifie proprement : attendre assis sur un coffre qu’on pique d’impatience.

Mourir sur le coffre.

C’est mourir misérablement, dit Oudin, en suivant la cour, ou au service de quelque grand. On connaît ces deux vers qui terminent la fameuse épitaphe de Tristan l’Hermite :

Je vécus dans la peine, attendant le bonheur,
Et mourus sur un coffre, en attendant mon maître.

Cette façon de parler était encore proverbiale sous Louis XIV. Madame de Sévigné rapporte dans sa 411e lettre que Turenne, faisant ses adieux au cardinal de Retz, lui dit : « Sans ces affaires où peut-être on a besoin de moi, je me retirerais comme vous ; et je vous donne ma parole que, si j’en reviens, je ne mourrai pas sur le coffre. »

cognée.Il ne faut pas jeter le manche après la cognée.

Il ne faut pas abandonner une affaire, renoncer à une entreprise par chagrin, par dégoût ou par découragement. Allusion à l’apologue du bûcheron qui, ayant laissé tomber dans un gouffre le fer de sa cognée, et désespérant de l’en retirer, y jeta le manche dont il pouvait encore faire usage.

coiffé.Il est né coiffé.

Cette expression s’applique à une personne constamment heureuse, par allusion à la membrane appelée coiffe qui enveloppe la tête de quelques enfants, au moment de leur naissance, et qui a été regardée, dans tous les temps et chez presque tous les peuples, comme un présage de bonheur. Les Grecs tiraient de cette coiffe, nommée amnion dans leur langue, l’augure favorable de l’amniomancie. Les sages-femmes de Rome, dit Lampride, la vendaient très cher aux avocats, persuadés