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ne sait tirer aucun parti d’une position avantageuse, et qui gâte la meilleure affaire par sa sotte maladresse. On dit aussi, dans le même sens : Tailler sa besogne sur le patron de l’abbé Rognonet.

L’abbé Rognonet est un être imaginaire, qui a tiré son nom, suivant les uns, du verbe rogner, dont l’action devait lui être familière, et, suivant les autres, du verbe rognoner, par allusion à la mauvaise humeur à laquelle il se laissait emporter toutes les fois que, voyant son opération manquée, il était obligé de la recommencer pour la manquer encore. L’histoire de ce malencontreux personnage a été probablement suggérée par un passage de Rabelais (livre iv, ch. 52), où Carpalim, valet de Panurge, parlant du tailleur Groingnet, ainsi nommé sans doute du vieux verbe groingner (grogner), fait le détail suivant des infortunes survenues à ce tailleur dans l’exercice de son métier, parce qu’il avait employé en patrons et en mesures un parchemin sur lequel était écrite une vieille clémentine ou décrétale du pape Clément V : « Ô cas estrange ! touts habillements taillez sus tels patrons, et pourtraicts sus telles mesures, feurent guastez et perdus, robbes, cappes, manteaulx, sayons, juppes, cazacquins, collets, pourpoincts, cottes, gonnelles, verdugualles. Groingnet, cuidant tailler une cappe, tailloit la forme d’une braguette ; en lieu d’ung sayon tailloit ung chappeau à prunes succées ; sus la forme d’ung cazacquin tailfoit une aumusse ; sus le patron d’ung pourpoinct tailloit la guise d’une paelle. Ses varlets l’avoir cousue la deschiquetoient par le fond et sembloit d’une paelle à fricasser chastaignes. Pour ung collet faisoit ung brodequin. Sus le patron d’une verdugualle faisoit ung tabourin de souisse. Tellement que le paovre homme par justice fut condamné à payer les estoffes de touts ses chalands et de présent en est au saphran. (Voyez le mot Safran.) Punition dist homenaz et vengeance divine ! »

abomination. — L’abomination de la désolation.

Expression tirée de l’Écriture sainte, pour désigner les plus grands excès de l’impiété, la plus grande profanation. Elle