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jesté. Elle ne fut abolie qu’au commencement du règne de Louis XIV.

chausses. — Va te promener, tu auras des chausses

Les religieux et les religieuses de la congrégation des feuillants[1] devaient suivre pieds nus le chemin du paradis, conformément aux statuts de leur ordre, et ils marchèrent sans bas avec des socques jusqu’en 1715, où un bref du pape Clément XI, sollicité par leur supérieur, les obligea de renoncer à un usage qui entraînait des inconvénients plus graves encore que les rhumes et les catarrhes. Avant cette réforme, il ne leur était permis d’être chaussés que lorsqu’ils allaient à la campagne, et de là vint le dicton, Va te promener, tu auras des chausses, dont on se sert pour renvoyer un mendiant ou un importun.

Gentilhomme de Beauce, qui se tient au lit quand on raccommode ses chausses.

Les gentilshommes de Beauce fesaient autrefois triste figure à cause de leur extrême pauvreté. Rabelais a dit d’eux, dans son Gargantua, qu’ils déjeunaient de bâiller, parce qu’on bâille beaucoup quand on a le ventre creux. Il semble qu’alors l’estomac, par ses tiraillements, veuille forcer la bouche à s’ouvrir, afin qu’elle lui transmette les aliments dont il a besoin.

On dit aussi : Gentilhomme de Beauce, qui vend ses chiens pour avoir du pain.

chaussure. — Cordonnier, borne-toi à la chaussure.

Apelle venait de terminer un beau tableau. Il l’exposa aux regards du public, et se tint caché derrière une toile pour écouter les observations auxquelles son ouvrage donnerait lieu. Un cordonnier y signala un défaut dans la chaussure du principal personnage, et le peintre le corrigea. Le lendemain, le même

  1. Ces religieux, de la règle de saint Bernard, prirent le nom de feuillants, parce que leur abbaye, chef d’ordre, était au village de Feuillans, en Languedoc, à cinq lieues de Toulouse, dans le diocèse de Rieux.