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calendes. — Renvoyer aux calendes grecques.

Les Romains appelaient calendes le premier jour de chaque mois où les créanciers avaient coutume d’exiger l’argent qu’ils avaient prêté, et ce mot venait du verbe latin calo, j’appelle, je convoque, parce que ce jour là un pontife annonçait au peuple convoqué le retour de la nouvelle lune. Mais les Grecs n’avaient point de calendes, et c’est ce qui donna lieu au proverbe Renvoyer aux calendes grecques, c’est-à-dire à une époque chimérique.

La plupart des étymologistes font venir calendes d’un verbe grec ; mais il n’est pas probable que les Romains aient pris le mot dans la langue d’un peuple qui ne connaissait pas la chose.

Philippe II, roi d’Espagne, avait envoyé à Élisabeth, reine d’Angleterre, un message ainsi conçu :

Te veto ne pergas bello defendere belgas.
Quæ Drakus eripuit nunc restituantur oportet.
Quas pater avertit jubeo te condere cellas,
Relligio papæ fac restituatur ad unguem.

Élisabeth répondit sur-le-champ par ces vers :

Ad græcas, bone rex, fient mandata calendas.

câlinFaire le câlin.

C’est cacher la finesse sous un air niais, indolent, et prendre un ton doucereux pour se ménager l’esprit d’une personne dont on veut obtenir quelque chose.

Le mot câlin a une origine douteuse ; il peut venir du verbe caler, qui signifie au figuré céder, se soumettre, comme dans cette phrase de Montaigne (liv. iii, chap. 12) : « Eust-on ouy de la bouche de Socrate une voix suppliante ? Cette superbe vertu eust-elle calé au plus fort de sa montre ? »

Un étymologiste a dérivé câlin des paroles que l’exécuteur des hautes-œuvres adressa à Dom Carlos, infant d’Espagne, pour l’engager à ne pas se débattre au moment où il allait l’étrangler par ordre d’un père barbare : Calla, calla, senor Dom