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« Le suppliant dist qu’il avoit plus chier estre bastard que Bourguignon salé. »

E. Pasquier raconte que, dans le temps où les Bourguignons étaient établis au delà du Rhin, ils avaient de fréquents démêlés avec les Allemands pour des salines dont ils leur disputaient la propriété, et que leurs voisins, les voyant en ce point piques et continuer leurs discordes au sujet du sel, s’induisirent facilement à les appeler sales. — Suivant La Monnoye, les Bourguignons ayant embrassé le christianisme avant les autres peuples de Germanie, ceux qui restèrent païens les surnommèrent salés, par dérision et par allusion au sel qu’on mettait alors dans la bouche de ceux qu’on baptisait. — Le Duchat croit que l’épithète accolée à leur nom est venue de la salade ou bourguignotte, espèce de casque particulier à leur milice, et son opinion paraît confirmée par le dicton rimé que voici :

Bourguignon salé,
L’épée au côté,
La barbe au menton ;
Saute Bourguignon.

Il est plus vraisemblable pourtant que Bourguignon salé s’est dit à cause des salines nombreuses qui ont existé dans l’ancien comté de Bourgogne, et qui ont fait donner le nom de Salins à l’une des villes de ce comté.

On appelle aussi Bourguignon salé un homme qui mêle beaucoup de sel à ses aliments.

bourreau. — Se faire payer en bourreau.

Se faire payer d’avance. — Autrefois le bourreau percevait, en vertu du droit d’avage[1] qui lui était dévolu, une contribu-

  1. On appelait avage, havage ou havée, une sorte de mesure en usage dans la Normandie, et quelques autres provinces : c’était une fraction du septier, équivalente à une poignée. Le droit d’avage, qui a existé jusqu’en 1750, consistait à prendre dans les marchés autant de grains ou de denrées que la main peut en contenir. Le bourreau, en percevant ce droit, marquait avec de la craie l’habit des marchands, pour quittance du paiement.