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BOI

Ter bibe vel toties ternos ; sic mystica lex est,
Vel tria potanti vel ter tria multiplicanti.

Ensuite venait le tour des convives. Celui qui voulait en saluer un autre lui disait avant de boire : Propino tibi salutem ! ou Benè te ! ou Dii tibi adsint ! Il ajoutait quelquefois : Benè me ! et cette formule était la plus raisonnable.

Le vin ne tourne à ma santé
Qu’autant que je le bois moi-même.

(Parny.)

Propino tibi est une expression qui signifie proprement, je bois à toi le premier : on entendait par là que la personne à l’intention de laquelle on vidait sa coupe usât de réciprocité, et, dans certains cas, on lui transmettait cette coupe, après en avoir goûté la liqueur, afin qu’elle l’achevât.

Quand on portait la santé d’une maîtresse, la galanterie exigeait qu’on bût autant de cyathes qu’il y avait de lettres à son nom, témoin ce vers de Martial :

Omnis ab infuso numeretur amica Falerno.

Que le nom de chaque amie soit épelé en rasades de Falerne.

Les cyathes étaient versés dans un vase de grandeur à les contenir pour être avalés d’un seul coup.

Les anciens Danois employaient dans leurs festins solennels diverses coupes dont chacune était affectée à un usage spécial et était nommée conformément à cet usage. Ils avaient la coupe des dieux, qu’ils prenaient pour demander des grâces au Ciel ou pour souhaiter un règne heureux à un prince ; la coupe consacrée à Brag, dieu de l’éloquence et de la poésie, ou le Bragarbott, qu’ils réservaient toujours pour la bonne bouche, et la coupe de mémoire, dont ils ne se servaient qu’aux funérailles des rois. L’héritier de la couronne restait assis sur un banc, en face du trône, jusqu’à ce qu’on lui eût présenté cette coupe de mémoire, et, après l’avoir bue, il montait sur le trône. C’était une espèce de sacre par la boisson.

Les premiers chrétiens, dans leurs agapes, exprimaient, en buvant, des vœux pour la santé du corps et pour le bonheur de la vie future ; ce qui dégénéra en grands abus plusieurs siècles après. On but alors en l’honneur de la Sainte-Trinité