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BEN

être nommés lorsqu’ils étaient mariés. De là ce proverbe, dont le sens est qu’on ne peut cumuler deux avantages.

Les chevaux courent les bénéfices et les ânes les attrapent.

On n’accorde pas toujours les places ou les grâces à ceux qui les méritent.

Ce proverbe fut originairement, dit-on, un mot de Louis XII. Ce roi voulut désigner sous le nom d’ânes, par une espèce de calembourg, certains seigneurs ignorants qui couraient à franc-étrier pour aller solliciter quelque bénéfice vacant, et qui l’obtenaient d’ordinaire, parce qu’ils arrivaient les premiers, grâce à leurs chevaux.

Les Espagnols disent dans le même sens : Le plus mauvais pourceau mange le meilleur gland.

bénitier. — Pisser au bénitier.

C’est braver le respect humain, faire quelque grande sottise et même quelque action criminelle d’une manière éclatante, pour faire parler de soi.

À faux titre insolents et sans fruit hasardeux
Pissent au bénestier, afin qu’on parle d’eux.

(Régnier.)

Les Grecs avaient une expression non moins énergique : ἑν πυθἰον ϰἑςαι (In Pythii templo cacare). Cette expression, par laquelle ils indiquaient quelque chose d’impie et de dangereux, était venue, dit Érasme, de ce que le tyran Pisistrate avait défendu de faire des ordures contre le temple d’Apollon Pythien, et avait impitoyablement puni de mort un étranger en contravention à la défense.

S’agiter comme un diable au fond d’un bénitier.

Cette comparaison proverbiale est fondée sur l’ancienne coutume d’exorciser les possédés et les sorciers en les plongeant la tête la première dans une cuve remplie d’eau bénite. Une vieille chronique, dans laquelle il est parlé de ces immersions singulières, offre une peinture curieuse du dépit du démon ainsi condamné au baptême, et des moyens dont il usait pour s’y soustraire. En voici un passage propre à égayer les