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BAL

Les baisers sont retournés.

C’est ce que disent les femmes du peuple à quelque malotru pour lui signifier que ce n’est pas à leur visage, mais à un autre endroit qu’elles lui permettront d’appliquer ses lèvres. Je ne me souviens pas si Jean della Casa, archevêque de Bénévent, a indiqué spécialement cet endroit dans son fameux chapitre sur les baisers qu’on peut prendre honnêtement sur diverses parties du corps ; mais Owen l’a désigné dans une charade dont le mot est os-culum, et dont voici les deux derniers vers :

Syllaba prima meo debetur tota marito
Sume tibi reliquas, non ero dura, duas.

La première syllabe est toute à mon époux ;
Prenez, je le veux bien, les deux autres pour vous.

balai. — Avoir rôti le balai.

Ceux qui fréquentaient le sabbat devaient s’y rendre avec un balai dont ils tenaient la tête entre les mains et le manche entre les jambes, ce qui les fit appeler à la Ferté-Milon chevaucheurs de ramon, et à Verberie chevaucheurs d’escouvette (ramon et escouvette sont deux vieux mots qui signifient balai). Tous les nouveaux admis au sabbat étaient dressés à ce manége. Edoctus quisque, dit Gaguin, scopam sumere et inter femora equitis instar ponere. Une fois passés maîtres en sorcellerie, ils pouvaient aller à l’assemblée infernale sur un cheval, sur un âne ou sur un bouc. Quelquefois même ils n’avaient pas besoin de monture ; il leur suffisait de se frotter de certain onguent ou de prononcer certaines paroles dont la vertu toute seule les y transportait, en les faisant passer par les tuyaux des cheminées ; mais avant de jouir de ce privilége vraiment magique, il fallait qu’ils eussent bien chevauché sur le balai. Lorsque le balai avait fait le service exigé, il était rôti, c’est-à-dire brûlé dans le grand brasier destiné à faire bouillir la grande chaudière des maléfices, et le sorcier à qui il appartenait se dévouait par cet acte symbolique à la géhenne des feux éternels pour ne plus être séparé de Satan, son seigneur et maître. Telle est l’idée