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assis en cercle sur les nues.



Les Archanges.

En enflant nos joues, finissons cette journée par l’universelle harmonie de nos violes, de nos clairons, de l’orgue, de la lyre et de tous nos instruments. En haut, en bas, grande, petite, chaque étoile qui scintille est une note de la divine symphonie ; et le monde est une gamme qui commence par terre et pleur et qui finit par ciel et joie. Entonnons avec les trompes.



Les Trompes.

Avec ma forte haleine, ma tâche est la plus belle et la plus aisée. Toujours la même note, toujours le même son, toujours le même mot : sanctus, sanctus, sanctus. Rien qu’en le répétant comme il est écrit, je fais tant de bruit, que le néant frissonne et rebondit ; et les cieux m’aiment mieux que les violes, et les mandores et les clairons.



Les Violes.

Sous un archet d’or qui me harcelle, et m’aiguillonne et me déchire, je palpite, je frémis, je gémis. Comme la vierge sous son voile, je sanglote. Ma voix roule des larmes. Je voudrais chanter ; et mes pleurs vibrants ruissellent sur ma corde déjà détendue. Toujours rampante au pied de notre édifice de bruit, je m’épuise à monter par ses degrés retentissants jusqu’à sa cime, d’où le vertige me fait descendre. Douleur ! Douleur ! Douleur !